Petite frousse à bord!

Ce que tu ne veux surtout pas qu'il arrive quand tu navigues...

je vous rassure tout de suite. Là, tout va bien pour l'équipage. Nous passons du bon temps à Tadoussac et en plus, nous avons une belle météo.

Tout d'abord, on est vraiment heureux! On fait beaucoup plus de voile que de moteur. Hourra!! Partir de Portneuf et jeter l'ancre à Québec à voile pour poursuivre notre route vers St-Jean-Port-Joli. Le temps est un peu gris mais nous avons un beau vent pour se rendre en grande partie à voile. La journée se déroule plutôt bien. Mini moussaillon a, malheureusement, le mal de mer. Elle s'amarine doucement. Lorsque nous passons à moteur, la navigation est plus relaxe avec le pilote automatique. Le capitaine peut ainsi travailler un peu tout en corrigeant notre route de temps à autre. Moi, je vais me reposer un peu dans notre lit à l'intérieur.

C'est environ à 3 milles nautiques de notre destination (vraiment presque arrivé), que tout bascule. Notre grande fille qui sort de sa cabine, à l'avant, met les deux pieds dans l'eau. Elle va donc, calmement (presque trop) voir son papa pour lui dire

- Papa, je pense qu'on coule.

Lui de croire à une mauvaise blague de sa part, regarde tout de même pour constater qu'on a bel et bien beaucoup trop d'eau à bord. Ça va par dessus le plancher d'un bon 10 cm au dessus. Il bondit de son siège jusqu'à l'intérieur sans toucher une marche. Il vérifie tous les passes-coques un à un pour s'assurer qu'aucun n'a cédé et prend soin de fermer ceux-ci à mesure. Le dernier endroit à vérifier: le compartiment moteur. C'est évident que c'est là qu'entre l'eau. La source n'est pas minime. Le presse-étoupe de l'hélice s'est découplé.

Florence vient me réveiller avec un calme dont on ne lui connaît pas ainsi habituellement.

- Maman, tu devrais te réveiller et venir aider papa parce qu'on coule.

Je peux vous dire que ça fait l'effet d'une douche froide et qu'heureusement j'ai une médication pour maîtriser mon anxiété sans quoi, je me serais littéralement roulé en boule.

J'ai donc passé par dessus Emile puisque notre lit est à côté. J'ai atterrie les deux pieds dans l'eau aussi. Vous dire le choque.

Pas le temps de trop réaliser ce qu'il se passe que le capitaine crie des instructions:

- Sors mon coffre à outils. Trouvez-moi de quoi de long et solide.

Dans ces conditions, on ne pose pas de questions et on s'exécute.

J'ai ensuite lancés les flottes aux enfants en leur disant de se tenir prêtes à peut-être quitter le navire.

La pompe de cale dans tout ça? Pourquoi diable ne fonctionne t-elle pas? Je me presse donc d'aller ouvrir la cale pour aller voir ce qu'il passe. La flotte qui fait partir la pompe est coincée. On lancera l'hypothèse, par la suite, qu'il y avait beaucoup de boue qui avait entré dans le bateau. C'est une région où l'eau a beaucoup de sédiments. Bref, je tiens donc la flotte vers le haut et voilà que la pompe fait son travail. Après quelques minutes, le niveau d'eau redescend et du même coup, Emile réussit à maintenir le tout pour que l'eau arrête d'entrer. Bien entendu, la ''réparation'' est rudimentaire. Nous ne pouvons pas repartir le moteur ainsi De plus, le vent est tombé. On ne peut donc pas repartir à voile. Finalement, On se rend à l'évidence que c'est le moment d'appeler à l'aide. Le bouton rouge dont on ne veut jamais avoir à se servir sur la radio VHF est enclenché ainsi que le message ensuite :

'' Pan Pan, Pan Pan, Pan Pan, Radio Garde Côtière, Radio Garde-Côtière, Radio Garde-Côtière ici Parbleu. Sommes en amont de St-Jean-Port Joli. Prenons l'eau. Sommes 6 personnes à bord tous avec leur VFI. Aucun Blessé. À vous.''

Entendre Emile dire ces mots dans le VHF a rendu encore plus notre situation réellement critique. Heureusement, la réponse est ultra rapide et le message est envoyé à la garde côtière auxiliaire de St-Jean-Port-Joli. Ils y sont en 15-20 minutes. c'est bien rassurant de les voir arriver si vite. Il faut dire que ce sont des bénévoles sur des ''calls''. De vrais anges-gardiens!

Le remorquage s'est très bien passé. Nous redoutions un peu l'entrée de la marina puisqu'elle a la réputation d'être un peu ardue et surtout que nous n'étions pas trop manoeuvrant. Mais tout s'est super bien déroulé. Il y avait du staffs qui nous attendaient au quai pour attraper les amarres. Le soulagement d'être à bon port!

Emile a pu réparer comme il le faut et même faire le changement d'huile de notre moteur tant qu'à y être.

Nous avons eu la chance d'être accueillit par les parents d'Emile qui étaient en camping tout près. Voir des visages qu'on aime après un tel évènement, ça fait grand bien.

Merci à vous, Guy et Diane. On vous aimes!

Merci à la super équipe de la GC de SJPJ.

Merci Saint-Jean-Port-Joli. Tu es magnifique et tes habitants y sont tout autant.

Merci au maître de port qui est toujours tellement accueillant et d'une grande aide.

Merci à ma maman d'avoir pris un moment au téléphone pour lui raconter en détails notre histoire. Je sais combien ça te stresse ce genre de chose. Je t'aime maman!

Merci à nos enfants d'avoir garder leur sang-froid durant ce moment. Ça a rendu tout ça plus facile.

Et surtout, merci mon amour, notre capitaine, de nous avoir sorti brillamment de là. Tu as des nerfs d'acier. On t'aime!

Johannie